Quand l’innovation industrielle porte un nom : Themis Technologies
Dans le paysage bourdonnant, parfois bruyant, de l’industrie française, il existe des acteurs discrets dont l’impact dépasse largement leur taille. Themis Technologies est de ceux-là. Basée à Toulouse, cette PME ne cherche pas à être sous les projecteurs, mais impossible de nier qu’elle éclaire un chemin dans l’univers compliqué — et souvent opaque — des technologies industrielles avancées.
Créée en 2014, Themis n’a pas attendu l’évangile de “l’usine du futur” pour poser les fondations d’une industrie agile, intelligente et durable. Ses solutions, ancrées dans la robotique, la simulation numérique et les systèmes complexes, épaulent aujourd’hui les secteurs de l’aéronautique, du BTP et de la défense. Mais ce qui intrigue le plus chez Themis, ce n’est pas tant son catalogue technologique — impressionnant, certes — que sa capacité presque artisanale à transformer des problématiques industrielles en solutions sur-mesure. Une PME à taille humaine, mais à expertise transversale.
Une mission simple : rendre l’industrie plus résiliente, plus intelligente
Themis Technologies ne part pas du principe qu’il faut révolutionner l’industrie à coups de ruptures technologiques. Dans un monde qui fantasme souvent l’IA comme réponse à tout (même au café tiède de la machine), la PME toulousaine fait preuve d’un pragmatisme salutaire : adopter la bonne technologie, au bon endroit, pour le bon usage. Cela peut sembler évident. Et pourtant…
Au cœur de son approche, un triptyque qui fait mouche :
- Ingénierie système et modélisation numérique : pour anticiper les risques, optimiser les procédés, et construire des scénarios intelligents avant même la première vis posée;
- Robotique et automatisation : pour des chaînes de production plus fiables, mais aussi plus flexibles;
- Analyse de données et cybersécurité industrielle : parce qu’un capteur de vibration ou un AGV (véhicule autonome) sont bons serviteurs, mais mauvais maîtres s’ils sont vulnérables aux cyberattaques.
Et c’est justement cette culture du sur-mesure intelligent qui séduit autant les grands donneurs d’ordres que les PME à la recherche de gains d’efficacité sans grever leur budget ni sacrifier leur indépendance. Une ingénierie à échelle humaine mais d’effet systémique.
Penser le futur depuis le terrain : l’atelier comme laboratoire
C’est sans doute là que Themis se distingue des pure players numériques qui planchent sur l’industrie sans jamais avoir enfilé un casque. Dans leurs bureaux toulousains souvent en lien étroit avec des sites clients, les ingénieurs de Themis parlent capteurs, jumeaux numériques ou maintenance prédictive, mais savent aussi converser avec les opérateurs atelier. Ils conçoivent avec les ingénieurs de terrain, testent avec les utilisateurs, ajustent en flux tendu.
Le cas d’un chantier naval de l’Atlantique illustre cette approche. Sollicitée pour optimiser la maintenance des grues de levage, Themis a développé un module de diagnostic embarqué capable de prédire des pannes jusqu’à 12 jours à l’avance grâce à l’analyse vibratoire. Résultat : 22% de réduction des temps d’arrêt, un gain de plus de 400 000 euros annuel, et — détail non négligeable — des ouvriers qui n’ont plus besoin de grimper quotidiennement à 40 mètres pour vérifier les circuits.
Et c’est souvent là que l’on trouve la « signature » Themis : une prouesse technologique conçue non pas depuis une abstraction algorithmique, mais depuis la réalité physique du quotidien industriel.
Quand la cybersécurité industrielle devient une compétence native
À l’heure où les attaques cyber ne visent plus les données, mais directement les installations (on se souvient de l’affaire Colonial Pipeline ou des incidents dans plusieurs usines en Allemagne en 2023), la cybersécurité industrielle est devenue un enjeu vital. Chez Themis, ce n’est pas une surcouche ajoutée après-coup, mais un réflexe intégré dès la phase de conception.
La PME a d’ailleurs contribué à la sécurisation de plusieurs sites industriels classés “Seveso seuil haut”, en proposant des systèmes SCADA avec segmentation physique et cloisonnement logique des réseaux. Une anecdote croustillante ? Un constructeur de poids lourds avait tenté d’industrialiser ses processus via l’IoT, sans jamais imaginer que sa flotte de robots pouvait être vulnérable à un ransomware… Themis a rapidement conçu une architecture mixte (edge computing et supervision durcie) qui, selon les mots du DSI client, “a sauvé la mise deux fois en deux mois”. Rideau.
Du jumeau numérique au jumeau éthique
L’industrie aime parfois parer de grands mots ce qui n’est qu’une évolution incrémentale. Mais lorsque Sylvain Lefebvre, le directeur R&D de Themis, évoque son “jumeau numérique responsable”, il ne s’agit pas d’un slogan publicitaire.
La société développe depuis 2021 des simulateurs industriels dopés à l’IA capables d’optimiser en continu les chaînes de production en tenant compte non seulement du rendement mais aussi de l’impact énergétique. C’est un peu comme si votre usine savait d’elle-même que produire 100 pièces de plus aujourd’hui ruinerait le bilan carbone du mois… et que cela apparaissait immédiatement dans le pilotage.
Ces innovations ont séduit plusieurs industriels de l’agroalimentaire et de la logistique, soucieux d’atteindre leurs objectifs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Et c’est là une autre particularité de Themis : lier performance industrielle et responsabilité est une valeur fondatrice, pas un gadget marketing.
Une PME dans le radar des grands
Forcément, ce positionnement n’a pas échappé aux grands donneurs d’ordres. Dassault Systèmes, Airbus, Thales — tous ont à un moment collaboré avec cette société qu’on qualifierait volontiers de “maître d’orchestre technologique”. Loin de jouer les sous-traitants, Themis intervient comme spécialiste de l’intégration intelligente, là où les mastodontes peinent parfois à faire dialoguer efficacement leurs différents modules.
Il serait tentant d’y voir les prémices d’une acquisition à venir. Pourtant, au sein même de l’équipe dirigeante, l’objectif semble clair : croître tout en gardant l’agilité qui fait leur force. “Nous préférons être les trublions du système que ses nouveaux géants”, glisse en souriant leur responsable stratégie. Une vision rafraîchissante à l’heure de l’hyper-concentration des compétences industrielles.
Former et transmettre : l’investissement long terme
Themis ne court pas après les buzzwords. Mais elle sait que la formation est le carburant de l’industrie 4.0. En partenariat avec plusieurs écoles d’ingénieurs (notamment l’INSA Toulouse et IMT Mines Albi), la PME forme chaque année une vingtaine de jeunes diplômés à des sujets aussi variés que l’IoT industriel, la robotique collaborative ou la cybersécurité opérationnelle.
Certains restent, d’autres partent, mais tous repartent avec cette idée un peu désuète mais ô combien précieuse aujourd’hui : l’ingénieur industriel est là pour résoudre des problèmes, pas pour empiler des certifications. “Un bug dans un PLC, c’est pas une métaphore, ça arrête la chaîne”, répètent souvent les mentors de Themis à leurs apprentis. Tout est dit.
Themis, ou l’art de rester un artisan dans un monde d’automates
Dans un écosystème industriel de plus en plus dicté par la standardisation, Themis Technologies fait figure d’exception. Son ambition n’est pas de scaler à tout prix, mais d’apporter des réponses concrètes, contextuelles et robustes à des enjeux complexes. En cela, elle incarne peut-être ce que pourrait (ou devrait ?) être l’industrie du XXIe siècle : technologique, certes, mais aussi responsable, ancrée, humaine.
Comme une machine-outil bien huilée, Themis travaille sans bruit inutile, mais avec une efficacité redoutable. Et à mesure que l’industrie française cherche à retrouver son autonomie stratégique dans les domaines sensibles (cybersécurité, automatisation, efficacité énergétique), ces experts discrets apparaissent comme des maillons essentiels. Des “accélérateurs d’innovation” qui n’oublient jamais que derrière chaque algorithme se cache un opérateur, un ingénieur, un décideur — et souvent les trois en même temps.
Alors, si vous croisez une équipe de Themis Technologies sur un chantier ou dans un atelier, ne vous étonnez pas si la technologie avancée y côtoie le bon sens le plus élémentaire. C’est leur marque de fabrique. Et dans l’industrie 4.0, c’est peut-être ce bon sens-là qui manque cruellement au progrès.
